Arizona Tribune - Au procès du 13-Novembre, les "no comment" de Salah Abdeslam

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Au procès du 13-Novembre, les "no comment" de Salah Abdeslam
Au procès du 13-Novembre, les "no comment" de Salah Abdeslam

Au procès du 13-Novembre, les "no comment" de Salah Abdeslam

"Exactement", "ça, je ne dirai pas". Au procès des attentats du 13-Novembre, le principal accusé Salah Abdeslam a commencé à donner de rares réponses mardi sur son rôle dans les préparatifs des attaques jihadistes, se contentant souvent d'un "no comment".

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Celui qui a boudé l'audience toute la semaine dernière en raison, selon sa défense, de "difficultés" liées au changement de son escorte policière a bien pris place dans le box des accusés pour son interrogatoire, le deuxième sur le fond du dossier.

"Vous m'entendez bien là ?", demande le Français de 32 ans, chemise à petits carreaux, gel dans les cheveux, masque noir sur le visage, avant de commencer un étrange pas de deux avec le président de la cour d'assises spéciale de Paris, Jean-Louis Périès.

Après une nouvelle série d'auditions des enquêteurs belges sur la logistique mise en place par la cellule jihadiste dès août 2015, les questions du magistrat au seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis sont nombreuses.

Salah Abdeslam est notamment soupçonné de deux déplacements en France pour rechercher des explosifs. Il est aussi accusé de la "récupération des terroristes" de retour de Syrie, via cinq convois en Europe, à l'aide de véhicules loués sous sa vraie identité, rappelle le président Périès.

- "Guerre en Ukraine" -

La location des voitures, le principal accusé ne les nie pas. "En revanche", il reconnaît avoir ramené "certains" membres des commandos, mais pas tous. Les trois Français qui constitueront le "trio" du Bataclan par exemple, ce n'était pas lui, assure-t-il.

S'exprimant avec aisance, parfois à la limite de l'insolence, Salah Abdeslam reconnaît deux allers-retours pour aller chercher ses "frères en islam". "Ils vivaient en zone de guerre", justifie-t-il.

Un peu comme avec "aujourd'hui la guerre en Ukraine", ceux qui vont "chercher des gens à la frontière", partis "faire de l'humanitaire" ou "combattre", ose-t-il.

S'il n'était pas le chauffeur du premier des cinq trajets qui lui sont imputés, à qui a-t-il prêté le véhicule ? Son ami d'enfance et voisin de box, Mohamed Abrini ? "Moi, je dis pas de noms, je balance pas", rétorque Salah Abdeslam.

Le magistrat insiste, tente d'autres noms. "Je crois que vous ne m'avez pas bien entendu, Monsieur le président", persifle l'accusé.

"Dites la vérité, ça ira plus vite", poursuit Jean-Louis Périès. "Vous ne voulez pas dire qui vous a demandé de louer ce véhicule ?" "Exactement", coupe Salah Abdeslam.

Le ton monte quand le magistrat lui demande ce qu'il savait de l'organisation. "J'ai l'impression que vous êtes un peu susceptible", lâche Salah Abdeslam.

Après l'avoir menacé d'un outrage à magistrat, le président passe au deuxième trajet, l'un des deux seuls que Salah Abdeslam reconnaît avoir effectués.

Mais aux questions précises, il répond par le silence ou des "no comment" obstinés. Il critique le "travail bâclé" de l'enquête. Elle se fonde sur des investigations "sophistiquées", pas "farfelues", proteste le président.

- "Surréaliste" -

"On ne va pas dire que c'était grandiose non plus", rétorque Salah Abdeslam. "J'ai été contrôlé (lors du deuxième trajet), j'ai loué les véhicules à mon nom".

"Surréaliste !", s'indignent des parties civiles sur les bancs.

Face à la persévérance de la cour, Salah Abdeslam répète qu'il ne savait rien de la "mission" des hommes qu'il allait chercher.

"Si vous aviez su que ces personnes allaient participer de près ou de loin à des attentats, est-ce que vous seriez allé les chercher ?", demande une assesseure, Xavière Simeoni.

"Franchement, c'est une bonne question", dit l'accusé. Il prend son temps et ajoute: "Dans l'état d'esprit dans lequel j'étais à l'époque, fêtard, j'allais me marier, je pense que je serais pas parti les chercher", même s'ils "avaient sans doute de bonnes raisons".

Mais "aujourd'hui, vous m'avez bousillé ma vie, la France, son gouvernement. La manière dont vous m'avez traité depuis six ans, ça laisse des traces", lance Salah Abdeslam.

L'assesseure le coupe: ce ne sont pas "les réponses qu'attendent les parties civiles".

L'une de ses avocates, Me Olivia Ronen, s'étonne de ce commentaire et rappelle que le procès a pour but "la manifestation de la vérité".

L'interrogatoire se poursuivait en milieu d'après-midi.

Ch.Campbell--AT