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Autoriser ou pas le burkini à la piscine: Grenoble au coeur de la polémique
Autoriser ou pas le burkini à la piscine: Grenoble au coeur de la polémique / Photo: STEPHANE DE SAKUTIN - AFP/Archives

Autoriser ou pas le burkini à la piscine: Grenoble au coeur de la polémique

La tension régnait lundi au conseil municipal de Grenoble, polarisé par la possible autorisation des baigneuses en burkini dans les piscines, que le ministère de l'Intérieur compte bloquer au nom de la loi sur le séparatisme.

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Le dossier, qui défraye la chronique depuis déjà plusieurs semaines, figure sobrement sous l'intitulé "Conditions et tarifs d'accès aux piscines municipales" à l'ordre du jour de la réunion qui s'est ouverte vers 15H00. Si la modification est adoptée, le burkini mais aussi les seins nus seront autorisés dans ces piscines.

Une bonne centaine de manifestants anti-burkini menés par l'opposition municipale s'est rassemblée au pied du bâtiment accueillant -sous bonne garde- la réunion du conseil municipal, scandant "Piolle démission !" et arborant des pancartes proclamant des slogans comme "Faut pas se voiler la face, burkini = mysogynie".

Le maire écologiste Eric Piolle a ouvert la séance en confirmant que le conseil allait débattre "de la liberté vestimentaire des femmes dans l'accès aux piscines publiques de Grenoble" malgré les appels à supprimer cette question de l'ordre du jour. Il a appelé à le faire dans "l'écoute et la tolérance".

Il a dénoncé "les injonctions sur le corps des femmes" et ceux qui "s'autorise(nt) à commenter de façon plus ou moins menaçante l'apparence physique des femmes et leur façon de s'habiller" en rappelant que Grenoble, de par son passé, est "une ville féministe".

M. Piolle n'a de cesse de répéter que le burkini est un "non-sujet". Selon lui, la modification du règlement intérieur des piscines municipales ne vise qu'à "lever les interdits vestimentaires aberrants".

Il a reçu le soutien d'une centaine de personnalités dont des féministes qui estiment dans une récente tribune que "personne ne doit être stigmatisé jusque dans les bassins en raison de son choix de maillot".

Pour ses opposants, le burkini constitue un symbole flagrant d'oppression de la femme et s'apparente au voile intégral que les talibans viennent de réimposer à la gent féminine en Afghanistan.

En quelques semaines, et alors qu'approchent les élections législatives, le débat a viré à la tempête politique, les deux camps s'affrontant à coups de tribunes, pétitions et prises de position musclées.

M. Piolle "ne se rend pas compte du mal qu'il est en train de faire à nos valeurs républicaines", estime Prisca Thévenot, une des porte-parole du parti de la majorité présidentielle LREM.

La large coalition de gauche que dirige le maire apparaît elle-même divisée, ce qui pourrait laisser augurer un vote plus serré que prévu parmi les 59 élus: aux voix des 14 conseillers d'opposition s'ajouteraient 13 votes d'élus de la majorité opposés à la mesure, qu'ils jugent porteuse de "risques d’aggravation de la fragmentation sociale", selon le quotidien régional le Dauphiné Libéré.

- "Revendications communautaristes" -

Le préfet de l’Isère a fait savoir dimanche soir qu'il saisirait le tribunal administratif de Grenoble, sur instruction du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en cas d'adoption de la mesure.

L'"objectif manifeste est de céder à des revendications communautaristes à visées religieuses" et la modification envisagée "paraît contrevenir au principe de laïcité posé par la loi de 1905 ainsi qu’aux dispositions de la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République", selon un communiqué.

Le préfet précise qu'il entend faire appel à une disposition introduite par la loi sur le séparatisme votée en août 2021, qui concerne les actes portant "gravement atteinte au principe de laïcité et de neutralité du service public".

Réagissant à cette annonce lundi matin, M. Piolle s'est déclaré "ravi que le gouvernement nous attaque".

"J'ai hâte que le gouvernement nous explique en quoi dans une piscine, on devrait masquer tous nos signes religieux", a-t-il lancé, relevant que nul n'avait "attaqué Rennes" lorsque cette ville avait pris une disposition similaire il y a quatre ans.

S.Jackson--AT