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Noyée dans un épais nuage de pollution, New Delhi tousse dangereusement
Noyée dans un épais nuage de pollution, New Delhi tousse dangereusement / Photo: Money SHARMA - AFP

Noyée dans un épais nuage de pollution, New Delhi tousse dangereusement

"Je n'arrive pas à me débarrasser de ma toux". Une radio des poumons à la main, Balram Kumar a rejoint devant un hôpital de New Delhi la file des victimes du brouillard de pollution qui, chaque hiver, enveloppe la capitale indienne.

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"Je n'ai presque pas dormi de la nuit", soupire, fataliste, l'ouvrier de 24 ans en patientant devant le service spécialement mis en place par le Ram Manohar Lohia Hospital pour accueillir ceux qui souffrent de difficultés respiratoires.

"Ma poitrine me fait mal à chaque fois que je tousse", décrit-il. "J'ai beau prendre des médicaments, ça ne change rien".

Depuis des années déjà, la capitale de l'Inde arrive systématiquement en tête de la liste des mégapoles les plus polluées du monde.

Aux fumées des industries et des véhicules s'ajoutent, l'hiver, celles des brûlis agricoles pour créer un épais nuage toxique que les températures plus froides et les vents plus faibles plaquent sur la mégapole et ses 30 millions d'habitants.

Mardi, la concentration de l'air en microparticules PM2.5 - les plus dangereuses car elles se diffusent dans le sang - atteignait 278 microgrammes par mètre cube, selon l'indice IQA.

Un niveau 18 fois supérieur au niveau maximal jugé acceptable par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Certains jours, il peut dépasser jusqu'à 30 fois ce seuil.

- Mesures insuffisantes -

Les nombreuses initiatives du gouvernement indien, comme une campagne suggérant aux automobilistes de couper leur moteur aux feux rouges, n'ont pas permis de faire reculer la pollution qui baigne sa capitale.

Et comme si ces facteurs ne suffisaient pas, l'épaisseur et la nocivité du nuage qui recouvre New Delhi empire encore lors de la fête hindoue de Diwali, lorsque ses habitants célèbrent le triomphe de la lumière sur les ténèbres à grand renfort de pétards et de feux d'artifices.

A la tête de la clinique spéciale de l'hôpital Ram Manohar Lohia, le Dr Amit Suri a observé après Diwali une hausse de 20 à 25% du nombre des cas d'affectation respiratoire.

"La plupart des patients viennent en se plaignant de toux sèches, d'irritation de la gorge ou de larmoiements. Certains souffrent aussi d'éruptions cutanées", décrit le Dr Suri.

A ses patients, le médecin prescrit quelques médicaments, gratuits, et des conseils: garder les fenêtres de son logement fermées, sortir masqué...

Selon l'OMS, la pollution atmosphérique peut causer maladies cardiovasculaires et respiratoires ainsi que des cancers du poumon.

Une étude publiée dans la revue médicale Lancet a attribué à la mauvaise qualité de l'air la mort de 1,67 million d'Indiens en 2019.

- "Si dépourvu" -

Une autre, sortie en juin dans le Lancet Planetary Health Journal, a estimé que la pollution était responsable de 7% de la mortalité dans les dix plus grandes villes indiennes. A New Delhi, ce chiffre atteint 11,5%, soit 12.000 morts par an.

Le mois dernier, la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du pays le plus peuplé de la planète, a ajouté l'air pur à la liste des droits humains fondamentaux et ordonné en conséquence au gouvernement d'agir.

Sans grand effet. L'interdiction des pétards décrétée cette année par les autorités de la capitale n'a guère été appliquée...

"Il faut sensibiliser la population et faire quelque chose car le problème s'aggrave chaque jour", s'alarme un responsable de l'hôpital, le Dr Ajay Shukla, selon qui, certains jours, le fait de respirer l'air de New Delhi est aussi nocif que de fumer à la chaîne.

Malgré ces données effrayantes, une large partie de la population de la ville, aux revenus modestes et sans assurance santé, n'a pas les moyens de se protéger.

"Les médecins m'ont demandé de ne pas sortir et de ne pas respirer l'air pollué mais comment je vais faire pour vivre si je ne sors pas ?", interroge Kanshi Ram, 65 ans, un ouvrier qu'une forte toux a empêché d'aller travailler ces jours-ci. Il gagne 500 roupies (un peu plus de cinq euros) par jour.

"Je me sens si dépourvu", se désole-t-il, "je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ça".

E.Hall--AT