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Dix ans après les attentats, l'"increvable" Charlie Hebdo et Paris se souviennent
Dix ans après les attentats, l'"increvable" Charlie Hebdo et Paris se souviennent / Photo: Martin LELIEVRE - AFP

Dix ans après les attentats, l'"increvable" Charlie Hebdo et Paris se souviennent

Entre le rire toujours et les larmes, l'hebdomadaire Charlie Hebdo s'affiche "increvable" pour les commémorations mardi des attentats jihadistes d'il y a dix ans contre sa rédaction, puis contre un magasin Hyper Cacher dans l'est parisien.

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Ces cérémonies ouvrent un cycle, alors que la France a été touchée en 2015 par une série d'attaques, jusqu'à celles de Paris et Saint-Denis le 13 novembre de cette année noire.

Les commémorations de mardi seront "comme chaque année" marquées "par la sobriété, conformément au souhait des familles", a indiqué la mairie de Paris. Anne Hidalgo "rendra hommage aux victimes" en présence d'Emmanuel Macron et de plusieurs ministres.

Dix ans jour pour jour après cette tuerie du 7 janvier 2015, Charlie Hebdo sort en parallèle un numéro spécial de 32 pages. En Une, il se dit "increvable!", avec le dessin d'un lecteur jovial assis sur un fusil d'assaut, lisant ce journal "historique".

A ses côtés en kiosque, plusieurs quotidiens consacrent leur Une au dixième anniversaire de l'attaque: "Liberté, Liberté Charlie !" titre ainsi Libération, alors que le Figaro s'inquiète de voir la France "toujours sous la menace islamiste" dix ans après.

"La menace terroriste n'a jamais été aussi présente", affirme le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau en première page du Parisien, tandis que l'ombre d'un crayon et d'une gomme trouée par une balle dessine un "10" en Une de La Croix.

Douze personnes, dont huit membres de la rédaction, ont perdu la vie dans l'attaque de l'hebdomadaire par les frères Chérif et Saïd Kouachi, Français d'origine algérienne qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda. Après deux jours de traque, ces derniers ont été abattus par une équipe d'intervention du GIGN, le groupe d'élite de la gendarmerie française, dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), où ils s'étaient retranchés.

Journal joyeusement anarchiste et anticlérical créé en 1970 sur les cendres du magazine Hara-Kiri, Charlie Hebdo était la cible de menaces jihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006.

Parmi les morts figurent son emblématique directeur, le dessinateur Charb, ainsi que deux légendes de la caricature en France, Cabu et Wolinski.

Du 7 au 9 janvier 2015, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont ciblé la liberté d'expression, les forces de l'ordre et la communauté juive, lors d'attaques "coordonnées" bien que revendiquées par deux entités distinctes, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) et l'organisation Etat islamique (EI).

Deux policiers à Paris et Montrouge, ainsi que quatre personnes de confession juive dans un magasin casher porte de Vincennes, ont également été tués durant ces trois jours de terreur.

A ces victimes s'est ajouté l'ancien webmaster de Charlie Hebdo, Simon Fieschi, grièvement blessé dans l'attentat et mort en octobre dernier, à 40 ans.

- "Vertu" de la satire -

Les cérémonies débuteront mardi à 11h30 (10H30 GMT) rue Nicolas-Appert dans le XIe arrondissement, où Charlie Hebdo avait ses locaux en 2015.

Elles se poursuivront boulevard Richard Lenoir, où le policier Ahmed Merabet a été abattu par les Kouachi dans leur fuite. Elles s'achèveront à 13h10 (12H10 GMT) par un hommage aux victimes du magasin Hyper Cacher.

Mercredi, la ville de Montrouge organisera une cérémonie d'hommage à la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, tuée par Amedy Coulibaly, également auteur de l'attaque de l'Hyper Cacher.

Ces attentats ont provoqué une émotion mondiale et donné naissance à un slogan de soutien resté célèbre: "Je suis Charlie". Le 11 janvier 2015, des manifestations avaient réuni près de 4 millions de personnes à travers la France, avec de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement dans le cortège parisien.

Dix ans après, Charlie Hebdo publie dans son numéro spécial une série de caricatures sur le thème #RiredeDieu. L'hebdomadaire, dont la ligne anticléricale n'a jamais varié, a lancé fin 2024 un concours international invitant à dessiner la "colère contre l'emprise de toutes les religions".

Parmi 350 dessins reçus, près de 40 ont été sélectionnés. L'un montre une mère et son enfant dans un paysage de ruines se disant qu'"un dieu ça va, trois bonjour les dégâts", un autre présente un dessinateur qui se demande si dessiner "un type qui dessine un type qui dessine Mahomet, ça va ?".

Le journal publie également les résultats d'une étude Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès réalisée en juin 2024 indiquant que 76% des Français estiment que "la liberté d'expression est un droit fondamental" et que "la liberté de caricature en fait partie".

Riss, le successeur de Charb à la tête de Charlie Hebdo, souligne dans l'édito que "la satire possède une vertu qui nous a aidés à traverser ces années tragiques: l'optimisme".

"Quoi qu'il arrive de dramatique ou d'heureux, l'envie de rire ne disparaîtra jamais", affirme-t-il en revenant sur les dernières années marquées, selon lui, par une "situation géopolitique" qui s'est "aggravée".

Pour sa part, Emmanuel Macron a souhaité qu'il n'y ait "aucun répit dans la lutte contre le terrorisme": c'est "un risque qui demeure prégnant dans nos sociétés et qui implique qu'il n'y ait aucun relâchement", a-t-il dit lundi devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

bur-pr-kp-reb/mch/pel/djb

A.Taylor--AT