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Le Lion d'or décerné à Venise, épilogue d'une Mostra sans ses stars
Le Lion d'or décerné à Venise, épilogue d'une Mostra sans ses stars / Photo: Tiziana FABI - AFP/Archives

Le Lion d'or décerné à Venise, épilogue d'une Mostra sans ses stars

Un Frankenstein au féminin avec Emma Stone et un film qui dénonce le sort des migrants en Europe font figure de favoris pour le Lion d'or remis samedi soir, au terme d'une 80e Mostra marquée par la grève à Hollywood.

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Au total, 23 films sont en lice pour le Lion d'or et succéder à un documentaire sur la crise des opiacés aux Etats-Unis signé Laura Poitras, récompensé l'an dernier.

Parmi les prétendants, "Pauvres créatures" a de fortes chances de repartir primé: ce Frankenstein au féminin, où Emma Stone incarne une créature candide qui fait son éducation sentimentale et sexuelle, est le favori des critiques internationaux.

Il a été réalisé par le grec Yorgos Lanthimos ("The Lobster", "La Favorite"), auteur d'un cinéma fantastique et baroque habitué des festivals, et produit par Emma Stone elle-même, une proche de Damien Chazelle ("La la Land"), le président du jury de cette Mostra.

Le jury pourrait préférer lancer un signal politique fort dans une Italie dirigée par un gouvernement d'extrême droite, en récompensant le film d'une grande voix du cinéma polonais, Agnieszka Holland.

"Green Border", film choral en noir et blanc de 02H30, a fait forte impression en montrant le sort tragique de migrants originaires de Syrie, d'Afghanistan et d'Afrique, ballottés entre la Pologne et le Bélarus en 2021, prisonniers d'un jeu diplomatique qui les dépasse.

Egalement très remarqués, "Le mal n'existe pas" du Japonais Ryusuke Hamaguchi, après son Oscar pour "Drive My car", et "La Bête", voyage à la David Lynch signé du Français Bertrand Bonello, avec l'une des rares stars françaises célébrées à l'international, Léa Seydoux.

- Grève et #MeToo -

Si elle était récompensée d'un prix d'interprétation, cette dernière viendrait-elle chercher son trophée ? Comme la plupart des stars internationales, elle n'a pas foulé le tapis rouge, en pleine grève à Hollywood, où scénaristes et acteurs sont engagés dans un bras de fer historique avec les studios.

Ce mouvement social pour de meilleures rémunérations et un encadrement de l'usage de l'intelligence artificielle paralyse l'industrie du cinéma et des séries et interdit aux vedettes de faire la promotion des films, sauf dérogation pour des productions indépendantes.

Ni Emma Stone, ni Bradley Cooper, auteur et interprète d'un biopic sur Leonard Bernstein pour Netflix, "Maestro", ne sont venus à Venise, le premier festival international touché par le mouvement.

Adam Driver, qui joue le rôle d'Enzo Ferrari dans un biopic signé Michael Mann, Mads Mikkelsen pour un film danois ou Jessica Chastain, star de "Memory" du Mexicain Michel Franco, étaient eux par contre bien présents, prenant soin d'apporter chacun leur soutien aux grévistes.

On a trop souvent fait comprendre aux acteurs "qu'ils devaient se taire pour protéger leur carrière", a lancé Jessica Chastain vendredi.

Les revendications syndicales n'ont pas été les seules à tenter de se faire entendre à Venise.

Les mouvements féministes ont également cherché à donner de la voix, notamment via des collages dans la ville pour dénoncer les honneurs accordés par le plus ancien festival du monde à des artistes visés par le mouvement #MeToo, qui dénonce les violences sexistes et sexuelles envers les femmes.

Le premier d'entre eux, Luc Besson, contre lequel des accusations de viol ont été portées avant d'être définitivement écartées par la justice française cette année, était en compétition avec "Dogman".

Woody Allen, mis au ban par l'industrie du cinéma américaine et qui n'est pas poursuivi par la justice, a présenté son 50e film "Coup de Chance", le premier tourné en français, hors compétition.

Roman Polanski, qui fuit depuis plus de 40 ans la justice américaine après une condamnation pour des relations sexuelles avec une mineure, ne s'est pas déplacé à Venise, où son dernier film "The Palace", lui aussi hors compétition, a reçu un accueil glacial et a été éreinté par la critique.

Le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, a justifié l'invitation de ces trois cinéastes en appelant à distinguer l'homme de l'artiste.

E.Rodriguez--AT