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Inquiétudes sur le sort de l'Iranienne qui s'est dévêtue en public
Inquiétudes et interrogations s'accroissent concernant l'étudiante iranienne arrêtée après s'être dévêtue en public samedi devant l'université Azad de Téhéran, des militants craignant son transfert dans un hôpital psychiatrique.
La vidéo de la jeune femme en sous-vêtements, d'abord assise puis marchant lentement devant la prestigieuse université, est devenue virale ce week-end. Et l'étudiante a été érigée en nouvelle figure du droit des femmes en Iran.
"Je salue le courage de cette jeune femme qui fait acte de résistance et s'est hissée au rang d'icône pour le combat des femmes en Iran, pour le combat des femmes partout où leurs droits sont menacés", a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot sur la chaîne publique France 2.
Selon les groupes militants qui ont révélé l'affaire samedi et posté la vidéo, la jeune femme s'est déshabillée en signe de protestation après avoir été harcelée par des agents de l'université, estimant qu'elle ne respectait pas le strict code vestimentaire islamique.
Une autre vidéo la montre violemment embarquée dans une voiture par les forces de sécurité.
L'agence iranienne Fars a confirmé samedi l'incident, assurant que l'étudiante portait des vêtements "inappropriés" en classe et s'était "dévêtue" après avoir été mise en garde "calmement" par les agents de sécurité.
Dans un communiqué inhabituel, l'ambassade d'Iran en France a assuré que "cette étudiante souffrait de certains problèmes familiaux et de conditions psychologiques fragiles" et affirmé que "des signes de comportements anormaux avaient déjà été observés par son entourage".
- Hôpital psychiatrique -
L'incertitude régnait mardi sur son sort. Selon le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI, basé à New York), la jeune femme a été "transférée de force dans un hôpital psychiatrique".
Selon le porte-parole de l'université Azad cité par les médias conservateurs, elle a été remise à la police en raison d'une conduite "immorale". Selon lui, cette mère de deux enfants était séparée de son époux, "sous forte pression psychique et (souffrant) de troubles mentaux".
Le média IranWire, basé à l'étranger, a assuré de son côté qu'elle était étudiante en langue française et n'avait jamais montré de troubles psychiques.
"Les autorités iraniennes utilisent systématiquement l'hospitalisation psychiatrique sous contrainte comme un moyen de supprimer la dissidence et de saper la crédibilité des opposants", a déclaré le directeur exécutif du CHRI, Hadi Ghaemi, dans un communiqué.
L'organisation cite plusieurs cas, dont Afsaneh Bayegan et deux autres actrices, jugées "atteintes de maladie mentale" par un tribunal de Téhéran en juillet 2023 après avoir défié les lois islamiques sur le port du voile obligatoire.
Ou celui du rappeur kurde Saman Yasin, arrêté pendant les manifestations du mouvement "Femme Vie Liberté", et hospitalisé en établissement psychiatrique en juillet 2023.
La prix Nobel de la Paix 2003, l'avocate iranienne Shirin Ebadi, a également évoqué le transfert de la jeune femme en psychiatrie. "Faire des opposants des gens malades est une méthode éprouvée de la répression", a-t-elle déclaré, dénonçant une "torture".
- "Vous tuez, battez, emprisonnez..." -
L'étudiante "a transformé son corps en symbole de dissidence", a réagi pour sa part sur les réseaux une autre prix Nobel de la Paix iranienne (2023), l'opposante emprisonnée Narges Mohammadi, réclamant "sa libération et la fin du harcèlement des femmes".
La loi islamique en Iran impose un code vestimentaire très strict aux femmes, sommées de porter le foulard et des vêtements amples dissimulant leurs formes.
Les Iraniennes sont à l'origine de manifestations inédites dans le pays, après la mort de la jeune Kurde Mahsa Amini en septembre 2022, arrêtée pour ne pas avoir respecté ce code. Le mouvement "Femme Vie Liberté" a été massivement réprimé, avec au moins 551 morts et des milliers de personnes arrêtées, selon des ONG.
"Vous tuez, vous battez, vous emprisonnez... mais l'histoire se termine par la victoire de ceux qui refusent de se soumettre à votre oppression", a affirmé sur Instagram l'actrice iranienne en exil, Golshifteh Farahani.
Mardi, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies place du Panthéon, à Paris, dont deux femmes en sous-vêtements portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Aux Iraniennes insurgées, les femmes reconnaissantes", et "Femme Vie Liberté".
"On n'a pas de nouvelles d'elle (l'étudiante, ndlr), en revanche ce qu'on sait, c'est que le script du régime bat son plein. On la présente désormais comme folle, hystérique", a dénoncé Chirinne Ardakani, avocate et présidente de l'organisation Iran justice.
"De toute façon, aucune pathologie mentale ne justifierait des coups, une arrestation arbitraire, la répression".
O.Brown--AT