Arizona Tribune - Au Japon, le prix du chou s'envole avec le thermomètre

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Au Japon, le prix du chou s'envole avec le thermomètre
Au Japon, le prix du chou s'envole avec le thermomètre / Photo: Kazuhiro NOGI - AFP

Au Japon, le prix du chou s'envole avec le thermomètre

Dans le restaurant du chef Katsumi Shinagawa à Tokyo, les escalopes de porc pané, les "tonkatsu", ne sauraient être parfaites sans le chou en accompagnement mais le restaurateur s'inquiète aujourd'hui d'une flambée des prix de ce légume après des records de chaleur cet été.

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"Le tonkatsu et le chou sont des amis inséparables", soutient M. Shinagawa auprès de l'AFP.

Dans son restaurant le "Katsukichi", le chef propose aux clients de se resservir à volonté en chou râpé pour se rafraîchir le palais après une juteuse bouchée de porc croustillant.

Mais la hausse des prix est "un choc" pour M. Shinagawa, qui a dû réduire le volume des portions de ce légume autrefois bon marché.

L'année dernière, les records de chaleur de l'été suivis par de fortes pluies ont ruiné les récoltes de chou au Japon. Mais aussi en Corée du Sud, pays friand d'une autre variété de chou pour son célèbre "kimchi", un incontournable de la cuisine coréenne.

Les récoltes décevantes ont fait plus que tripler le prix du légume dans l'archipel par rapport à ses niveaux habituels, selon le ministère japonais de l'Agriculture.

Un nouveau coup dur pour les consommateurs et les restaurateurs, déjà impactés par une inflation persistante.

Selon M. Shinagawa, l'augmentation du prix du chou remonte à la fin de la pandémie. Mais "une hausse spectaculaire" s'est produite cet automne sur les légumes frais --dont les prix se sont encore envolés de 27,3% sur un an en décembre.

"Les choux vendus en supermarchés sont aujourd'hui incroyablement chers", déplore-t-il. "Les choux de taille moyenne coûtaient 100 yens/pièce (environ 0,60 euros) il y a quelques temps et ils valent aujourd'hui 400 yens!"

La taille du légume a également "pitoyablement diminué" et "ceux qui avaient l'habitude de se resservir une seule portion de chou gratuite en demande maintenant deux", explique le cuisinier.

"Le choc du chou", comme l'appellent les médias japonais, a provoqué la consternation des consommateurs notamment sur les réseaux sociaux, après qu'un de ces légumes a été vendu 1.000 yens (environ 6 euros) dans un supermarché nippon.

"Jamais je n'aurais imaginé que le chou deviendrait un jour si cher qu'il en deviendrait un mets délicat", s'est lamenté un utilisateur du réseau social X.

- Chaleur extrême -

Cet été, "il faisait si chaud que certains choux ont été brûlés. La chaleur les a complètement déshydratés et fait se dessécher", explique Morihisa Suzuki, responsable d'une fédération de coopératives agricoles à Aichi, l'une des plus grandes régions productrices de choux au centre du Japon.

A l'automne, des pluies intenses puis une période de sécheresse prolongée n'ont fait qu'empirer les choses. Conséquence, les rendements sont inférieurs de 30% à la normale, selon la fédération.

Même constat en Corée du Sud, où le chou fermenté fait partie intégrante de l'alimentation du pays: selon des données du gouvernement coréen, les prix du légume ont augmenté de 75% par rapport à la même période l'année dernière.

"Les gens n'ont donc pas vraiment envie d'acheter des choux, même à l'approche des vacances du Nouvel an lunaire", regrette une commerçante de Séoul.

- Inflation -

Au Japon la chaleur estivale a également impacté les prix en caisse de la salade, de l'oignon vert et du radis "daikon".

Les prix du riz ont explosé (+64,5% sur un an en décembre). Les céréales, dans leur ensemble, se sont renchéries d'environ 15% par rapport à fin 2023.

Par ailleurs, les épidémies de grippe aviaire ont entraîné une pénurie d'œufs, augmentant leur prix, tandis que la faiblesse du yen et l'augmentation des coûts de la main-d'œuvre et du transport compliquent encore la tâche des restaurateurs.

L'année dernière, le Japon a connu un nombre record de 894 faillites de restaurants en raison de la baisse du yen, de l'inflation et de l'arrêt des subventions gouvernementales consécutives à la pandémie, selon le cabinet d'études Teikoku Bank.

L'indice de base des prix à la consommation au Japon, qui exclut les prix des aliments frais, a atteint 3% en décembre.

Teikoku Databank prévoit encore des hausses de prix cette année pour environ 6.000 produits alimentaires, du pain à la bière, en passant par les nouilles.

D'ores et déjà, la chaîne de supérettes 7-Eleven a annoncé augmenter le tarif de ses sushis, "onigiri" et autres produits à base de riz dans l'ensemble du pays.

Le chef Katsumi Shinagawa refuse quant à lui de répercuter la hausse des prix sur ses clients. Pour l'instant, "nous tenons bon", affirme-t-il.

T.Sanchez--AT