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Retailleau commence à dérouler sa politique contre l'immigration
"Des règles beaucoup plus strictes" pour régulariser les sans-papiers: le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau lance concrètement sa politique contre l'immigration via de nouvelles consignes qui suscitent d'ores et déjà des remous.
"L'objectif, c'est de diminuer l'immigration, de lutter contre l'immigration notamment illégale et de ne pas régulariser à tour de bras", a expliqué vendredi le locataire de la place Beauvau sur Europe 1-Cnews au lendemain de la diffusion d'un nouveau texte encadrant ces régularisations.
Le très droitier ministre de l'Intérieur qui a fait de la lutte contre l'immigration sa priorité, multipliant les déclarations dans les médias depuis son arrivée au gouvernement en septembre, exige dans une nouvelle circulaire adressée aux préfets de mettre fin aux "régularisations à tour de bras" avec application immédiate.
Si le texte ne change pas à proprement parler les critères pour obtenir cette "admission exceptionnelle au séjour" (AES), ce tour de vis met fin à la circulaire de son prédécesseur Manuel Valls qui laissait une marge de manœuvre aux préfets qui pouvaient dénouer certaines situations en dérogeant au règles classiques des régularisations.
La circulaire qui encadre l'accès aux titres de séjour des étrangers en situation irrégulière permettait ainsi depuis 2012 de régulariser quelque 30.000 personnes chaque année pour motif familial, économique, ou étudiant à "titre exceptionnel".
"Si on veut diminuer cette immigration, notamment illégale, il ne faut pas régulariser de façon trop quantitative, parce que (sinon) on donne une prime à l'irrégularité, à ceux qui ont fraudé", a insisté vendredi le ministre.
Bruno Retailleau qui doit se rendre vendredi après-midi à la préfecture des Yvelines n'a toutefois pas donné d'objectifs chiffrés.
Avec ce nouveau texte, le ministre LR qui s'est vu refuser une nouvelle loi immigration, montre qu'il ne compte pas pour autant abandonner le sujet avec des premières mesures concrètes, quitte à braquer.
"Je pense qu'on va trop loin", a déploré vendredi le député Ensemble pour la République (EPR) Roland Lescure.
- "Un affront à nos valeurs" -
"Je pense qu'il faut vraiment se méfier de la caricature, et là on est un peu dans la caricature", a ajouté le macroniste.
"C'est un affront à toutes nos valeurs républicaines. C'est un boulevard offert aux idées et aux politiques du RN", a réagi de son côté la députée LFI Claire Lejeune.
Ce haussement de ton inquiète également du côté des entreprises alors que le dispositif permettait à des patrons qui peinent à recruter de fidéliser leurs employés en les régularisant.
Dans cette nouvelle mouture du texte, la durée recommandée pour régulariser un travailleur sans papiers a été allongée à sept ans de présence en France contre cinq auparavant, voire trois dans certains cas.
Si les préfets "appliquent à 100% les critères", "ça va poser problème", s'est inquiété sur FranceInfo le président de l'Union des métiers de l'hôtellerie-restauration (Umih) d'Île-de-France Frank Delvau.
Le ministre, qui estime que "l'immigration n'est pas une chance" ne prévoit pourtant pas de s'arrêter là et a fait savoir vendredi qu'il prévoyait une prochaine circulaire sur les naturalisations "avec le même objectif".
Celui qui avait tenté de durcir en vain, lorsqu'il était patron des LR au Sénat, la loi immigration, finalement censurée en partie par le Conseil constitutionnel, bénéficie d'un contexte mondial hostile à l'immigration avec la montée des partis d'extrême droite.
Quand il rencontre ses homologues européens, le ministre assure ainsi que "sur la base de leurs propos sur l'immigration", il n'arrive plus "à distinguer celui ou celle qui appartient à un gouvernement de gauche ou de droite".
"Désormais, ce ne sont pas seulement les Français de droite. Ce sont aussi une majorité de Français de gauche qui sont pour cette politique de fermeté", a-t-il également affirmé.
Ces nouvelles restrictions "ne vont pas manquer de plonger plus encore de personnes dans une précarité qui concerne et effraie un nombre croissant de Français", a réagi la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).
A.Williams--AT