Arizona Tribune - Les champignons, essentiels pour la biodiversité, à la recherche de reconnaissance

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Les champignons, essentiels pour la biodiversité, à la recherche de reconnaissance
Les champignons, essentiels pour la biodiversité, à la recherche de reconnaissance / Photo: Robyn Beck - AFP

Les champignons, essentiels pour la biodiversité, à la recherche de reconnaissance

Qu'ils soient grands, colorés, comestibles... ou non, les champignons sont encore largement méconnus bien qu'essentiels aux écosystèmes et seront au menu des discussions de la prochaine conférence de l'ONU sur la biodiversité, qui débute lundi en Colombie.

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"Les champignons sont essentiels pour tous les écosystèmes terrestres", explique à l'AFP Amy Honan, professeure de mycologie et de biodiversité fongique à l'université de l'Oregon.

Dans une forêt proche de Port Angeles, dans l'Etat de Washington, la scientifique inspecte les alentours.

Dans cette région du nord-ouest des Etats-Unis, difficile de ne pas croiser un champignon sur son chemin en randonnant, tant les espèces prolifèrent dans des conditions propices. Mais ils ne sont que la partie émergée de ces organismes, ni vraiment végétaux, ni vraiment animaux.

Un week-end leur est même consacré chaque année dans la région pour sensibiliser le public à leur rôle crucial.

Les champignons, essentiels à la vie des plantes, les protègent du sel, des métaux lourds et de maladies, précise la scientifique. "Sans les champignons... les plantes n'existeraient pas. Nous avons besoin des plantes pour l'oxygène. Donc le monde comme nous le connaissons n'existerait pas".

Ils décomposent également les matières organiques mortes et recyclent le carbone et les nutriments, facilitant le cycle de vie de la plante, détaille-t-elle.

Le champignon "recrache différentes enzymes donc il décompose sa nourriture à l'extérieur et l'avale ensuite comme un smoothie", ajoute Amy Honan, affirmant qu'il est plus proche de l'animal que de la plante.

Sur les quelque 2,5 millions d'espèces de champignons sur la Terre, 150.000 ont été répertoriées par les scientifiques, soit seulement 6%, explique la mycologue.

En comparaison, elle estime que l'on connaît 98% des vertébrés, 85% des plantes et 20% des invertébrés sur la planète.

- Cueillette -

La scientifique mène actuellement une étude avec le mycologue Graham Steinruck sur la biodiversité fongique. A l'occasion du festival annuel, ils ont proposé d'emmener les participants à une cueillette pour faire découvrir les différentes espèces et apprendre à les décrire.

"Je pense que plus nous découvrons et documentons des champignons, plus cela nous renseigne sur la biodiversité mais aussi sur comment mieux s'occuper de la terre", explique Graham Steinruck.

Pour les humains, cela peut également aider "à nous soigner et peut-être éventuellement (nous épauler) dans d'autres domaines comme l'industrie".

Des bienfaits qui ont piqué la curiosité de Naomi Ruelle, venue de New York pour participer à sa première cueillette de champignons.

"J'ai tellement appris", se réjouit-elle, en présentant sa récolte de spécimens allant d'un champignon jaune en forme de parasol à une espèce énorme et charnue.

"C'était vraiment très intéressant de voir les différentes espèces. Ils vont évidemment les emmener au laboratoire et je suis assez curieuse d'en apprendre un peu plus", confie-t-elle.

- COP16 -

Le rôle des champignons sera à l'agenda des discussions de la COP16 sur la biodiversité qui s'ouvre lundi en Colombie.

Cette réunion réunit 12.000 participants de quelque 200 pays dont 140 ministres et sept chefs d'Etat.

Elle a pour ambition la mise en oeuvre, encore timide, d'objectifs de sauvegarde de la nature d'ici 2030.

Selon le média britannique The Guardian, le Chili ainsi que la Grande-Bretagne devraient à cette occasion demander de reconnaître les champignons comme "un royaume de la vie indépendant dans les lois, les politiques et les accords, afin de mieux les préserver et adopter des mesures concrètes leur permettant de maintenir leurs effets bénéfiques sur les écosystèmes et les personnes".

Pour Graham Steinruck, une meilleure protection de cette espèce serait effectivement une bonne nouvelle.

T.Perez--AT