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Isolée, la Russie exhortée à l'ONU à arrêter son invasion meurtrière de l'Ukraine
Au banc des accusés sur la scène internationale: la Russie a défendu lundi l'invasion de l'Ukraine à l'Assemblée générale de l'ONU lors d'une "session extraordinaire d'urgence" de ses 193 membres qui ont multiplié les appels à arrêter la guerre, jugée "insensée".
Lors d'une conférence de presse dans l'après-midi, l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, a annoncé que 12 membres de sa mission avaient reçu l'ordre des Etats-Unis de quitter ce pays avant le 7 mars. "C'est une mauvaise nouvelle" et une "nouvelle action hostile" contre Moscou, a-t-il dénoncé, sans préciser s'il faisait partie des expulsés et la raison de l'expulsion, si elle était liée ou non avec le conflit en Ukraine. La mission russe compte une centaine de personnes.
L'expulsion de ces diplomates est liée "à des activités ne correspondant pas" à leur statut et leurs obligations auprès de l'ONU, a réagi l'ambassadeur américain Richard Mills, adjoint à la mission américaine, au début d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur la guerre alors que l'ambassadeur russe venait d'avertir ses 14 partenaires de la décision américaine.
"Les combats en Ukraine doivent cesser", avait martelé dans la matinée à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Ils font rage dans tout le pays, dans les airs, à terre et en mer. (...) Trop c'est trop. Les soldats doivent retourner dans leurs casernes", a-t-il lancé.
L'Ukraine et la Russie se sont ensuite une nouvelle fois opposées de manière virulente, alors que le Danemark dénonçait une entreprise russe "insensée".
Le monde "n'a rien à gagner" d'une nouvelle Guerre froide, a fait valoir la Chine, qui apparaît dans l'embarras face à la tournure des événements.
Prenant souvent à témoin l'assistance, l'ambassadeur ukrainien à l'ONU, Sergiy Kyslytsya, a mis en garde avec émotion contre une destruction de son pays. "Si l'Ukraine ne survit pas, l'ONU ne survivra pas", a-t-il lancé.
"Ne vous faites pas d'illusions. Maintenant, nous pouvons sauver l'Ukraine, sauver les Nations unies, sauver la démocratie et défendre les valeurs auxquelles nous croyons", a ajouté le diplomate.
- Résolutions attendues -
"Nous ne nous sentons pas isolés", a affirmé de son côté devant la presse Vassily Nebenzia.
Réaffirmant que la Russie agissait militairement en "légitime défense", comme le prévoit la Charte des Nations unies, il s'était longuement étendu devant l'Assemblée sur le Donbass séparatiste dans l'est de l'Ukraine, parlant de "souffrance" de la population locale, de "provocations" et de "fables" ukrainiennes ainsi que de "clichés anti-russes" de l'Occident.
Depuis le début du conflit, les Occidentaux et l'ONU accusent la Russie de violer l'article 2 de la Charte des Nations unies intimant à ses membres de s'abstenir de toute menace et de tout recours à la force pour régler une crise.
La Russie est aussi sur la sellette à Genève, au Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
La réunion de l'Assemblée générale à New York avait débuté par une minute de silence. Une mise au vote d'une résolution est attendue mercredi. Elle devra obtenir les deux tiers des votes Pour et Contre exprimés pour être adoptée.
Ce projet de texte est piloté par les Européens en coordination avec Kiev. Il a été atténué par rapport à un texte initial, afin d'engranger un maximum de voix. La résolution, ainsi, ne "condamne" plus mais "déplore dans les termes les plus forts l'agression de la Russie contre l'Ukraine", selon les deux textes successifs obtenus par l'AFP.
- "Protéger les civils" -
Similaire à un texte américano-albanais rejeté vendredi au Conseil de sécurité à la suite d'un veto de la Russie, la dernière version réclame le retrait immédiat des troupes russes d'Ukraine et l'arrêt des combats. A l'Assemblée générale, il n'y a pas de droit de veto.
Au Conseil de sécurité, l'Afrique et l'Amérique latine avaient fait corps avec les Etats-Unis et l'Europe pour dénoncer l'invasion russe. Le monde arabe reste pour sa part plutôt en retrait, seul le Koweit, victime d'une invasion en 1990, ayant condamné explicitement la Russie.
Outre un positionnement à l'égard de l'Ukraine, la session extraordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU - une dizaine organisée seulement depuis 1950 - sera un baromètre de l'évolution du monde, avec le constat au cours de la dernière décennie d'un recul de la démocratie au profit de régimes autocratiques (Soudan, Birmanie, Mali, Burkina Faso...), selon des diplomates.
Dans l'immédiat, à défaut d'avoir la capacité de mettre un terme aux hostilités, l'ONU se concentre sur la crise humanitaire déclenchée par l'invasion russe. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont prévu que le conflit, s'il se poursuivait, pourrait faire entre 5 et 7 millions de réfugiés.
Après une nouvelle réunion d'urgence du Conseil de sécurité lundi après-midi à la demande de la France, une résolution pourrait être adoptée mardi en fin de journée si la Russie n'y met pas son veto. Co-écrite avec le Mexique, elle doit appeler à l'"arrêt des hostilités", à "protéger les civils" et à "permettre un acheminement de l'aide humanitaire sans entrave".
"Quatre millions de réfugiés sont attendus dans les jours et semaines à venir", a averti le Haut Commissaire de l'ONU aux Réfugiés, Filippo Grandi, lors d'une liaison vidéo avec le Conseil de sécurité. A ce jour, plus de 500.000 personnes ont quitté l'Ukraine pour plusieurs pays limitrophes, selon le HCR.
A.Moore--AT