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Gabriel Boric, 36 ans, officiellement nouveau président du Chili
Gabriel Boric est devenu officiellement vendredi le plus jeune président du Chili lors d'une cérémonie de prestation de serment préfigurant de profonds changements qu'il entend mener à la tête d'un gouvernement qu'il veut écologiste, féministe et à la forte empreinte sociale.
Visiblement ému lors de l'hymne chilien, ceint de l'écharpe tricolore que venait d'abandonner peu avant son désormais prédécesseur, Sebastian Pinera, Gabriel Boric a juré, selon la tradition, de respecter la Constitution "devant le peuple chilien", mais en s’est empressé d'ajouter : "tous les peuples chiliens", une référence aux peuples autochtones, notamment Mapuches.
Les 24 ministres de son gouvernement, de 42 ans de moyenne d'âge et majoritairement composé de femmes (14 sur 24), notamment aux postes régaliens de l'Intérieur, la Défense ou des Affaires étrangères, ont ensuite également prêté serment.
Une vingtaine de dignitaires internationaux ont assisté à l'adoubement du représentant d'une nouvelle génération de la politique chilienne, dont les présidents argentin Alberto Fernandez et péruvien Pedro Castillo ou le roi Felipe VI d'Espagne.
A l'issue de la cérémonie qui se tenait au siège du Parlement, à Valparaiso, le nouveau président a laissé sa compagne, la nouvelle Première dame Irina Karamanos, pour monter à bord d'une voiture décapotable conduite, pour la première fois dans le protocole, par une femme, pour se rendre au palais présidentiel de la Moneda, à Santiago.
Gabriel Boric, 36 ans, qui comme à son habitude ne portait pas de cravate, peut maintenant s'attacher à tenir les promesses qui l'ont porté au pouvoir et ont soulevé un immense espoir parmi ses supporters.
"Nous allons réaliser tous les changements que nous avons proposés, comme nous l'avons dit pendant la campagne, étape par étape, car nous sommes convaincus que la grande majorité des Chiliens exigent des changements structurels", avait-il assuré lors de la présentation de son gouvernement.
Héritier politique de la révolte sociale qui a secoué le Chili en 2019, considéré jusqu'alors comme le pays le plus stable de la région, le président élu en décembre à la tête d'une coalition de gauche doit trouver des réponses aux demandes de transformation des systèmes de santé, d'éducation et de retraite ainsi qu'aux exigences de réduction des inégalités.
- Etat-providence -
Pour l'ancien dirigeant étudiant, député depuis 2014, la solution passe par l'instauration d'un Etat-providence inspiré de la social-démocratie européenne et la rupture avec le néolibéralisme dont le Chili a été le laboratoire sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).
Si les résultats économiques du Chili depuis trente ans ont été salués et enviés, ils ont été obtenus au prix de grandes inégalités (1% de la population possède 26% des richesses, selon l'ONU) et ont conduit aux violences de 2019.
Le président sortant avait été forcé de céder à la demande de rédaction d'une nouvelle Constitution. Après l'élection des membres d'une Assemblée constituante, son élaboration est en cours et sa nouvelle version sera soumise à référendum courant 2022.
"On ne commence pas un nouveau chapitre de notre histoire démocratique. On ne part pas de zéro, il existe une histoire avant nous qui nous élève et nous inspire", avait cependant tempéré M. Boric le 21 janvier lors de l'annonce de son gouvernement qu'il veut également "écologiste".
"Boric commence dans un climat favorable de l'opinion publique, grâce au capital politique qu'il a obtenu lors des élections et avec la nomination de son gouvernement" ouvert à diverses sensibilités, augure Marco Moreno, directeur de l'école de Sciences politiques de l'Université centrale du Chili.
Mais il devra réformer en rassemblant un Parlement loin d'être acquis à sa cause: "Le grand défi que Boric devra relever est d'instaurer un dialogue pour surmonter les obstacles législatifs afin d'avoir la capacité de financer ses désirs d'Etat-providence", estime M. Rodrigo Espinoza, universitaire à l'Université Diego Portales.
Il devra également faire face à la méfiance des élus radicaux de droite et de gauche quant à sa capacité à réaliser les changements sociaux qu'il promet alors que sa marge de manœuvre est réduite par le ralentissement de l'économie chilienne.
H.Romero--AT