Arizona Tribune - La juge noire Jackson, nommée par Biden à la Cour suprême, à l'épreuve du Sénat

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La juge noire Jackson, nommée par Biden à la Cour suprême, à l'épreuve du Sénat
La juge noire Jackson, nommée par Biden à la Cour suprême, à l'épreuve du Sénat

La juge noire Jackson, nommée par Biden à la Cour suprême, à l'épreuve du Sénat

Nommée par Joe Biden à la Cour suprême des Etats-Unis, la juge Ketanji Brown Jackson doit convaincre, à partir de lundi, les sénateurs de valider ce choix historique et faire d'elle la première femme noire à siéger au sein de l'influente institution.

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Cette brillante juriste de 51 ans sera auditionnée publiquement jusqu'à jeudi par la commission judiciaire de la chambre haute du Congrès, un passage obligé pour les candidats à la haute cour qui, ces dernières années, a donné lieu à d'âpres batailles politiques.

Les élus sont combatifs parce que "la Cour tranche énormément de sujets cruciaux, dont certains sont explosifs", comme le droit à l'avortement ou de porter une arme à feu, relève Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l'Université de Virginie.

Mais l'arrivée de Ketanji Brown Jackson pour remplacer le magistrat progressiste Stephen Breyer, qui prendra sa retraite à l'été, "ne changera pas les équilibres: les conservateurs garderont une majorité de six juges sur neuf", rappelle l'analyste. "Cela devrait suffire pour faire baisser la température et assurer un processus de confirmation assez serein".

De plus, le rapport de force au Sénat -- qui en vertu de la Constitution doit confirmer les juges nommés par le président -- donne un léger avantage à la magistrate: chaque parti dispose de 50 élus mais, en cas d'égalité, il revient à la vice-présidente démocrate Kamala Harris de les départager.

Ce scénario ne sera peut-être pas nécessaire. Une poignée de sénateurs républicains modérés avaient soutenu sa nomination à la cour fédérale d'appel de Washington, il y a un an, et pourraient revoter en sa faveur.

- "Tout chambouler" -

Les républicains n'ont pas intérêt à "tout chambouler pour une bataille qu'ils sont sûrs de perdre", en conclut Larry Sabato, tout en jugeant "inévitable que certains sénateurs attaquent la juge pour satisfaire leur base électorale".

Avant que son nom soit rendu public, certains élus républicains avaient reproché au président sa promesse de nommer une Afro-Américaine. "Les femmes noires représentent quoi? disons 6% de la population américaine", s'était étranglé le sénateur républicain Ted Cruz, en accusant Joe Biden de "dire à 94% des Américains: +je n'en ai rien à fiche de vous+".

Jouer frontalement la carte raciale face à une femme dont les qualifications sont, de l'avis général, impeccables, sera plus délicat. La sénatrice républicaine Susan Collins a d'ailleurs appelé ses collègues à la prudence pour éviter que leur parti "soit dépeint comme anti-Noirs".

A sept mois des élections de mi-mandat, les attaques devraient surtout servir de caisse de résonance aux thèmes de campagne des républicains, à commencer par la hausse de la criminalité face à un supposé laxisme démocrate.

Ketanji Brown Jackson devrait être interrogée sur sa défense, en tant qu'avocate, de détenus de Guantanamo et d'autres criminels, puis sur ses jugements dans d'horribles affaires pénales.

- "Toxique" -

Le sénateur Josh Hawley l'a déjà accusée, dans une longue série de tweets, d'avoir retenu de faibles peines dans des affaires de pornographie infantile. C'est "une constante inquiétante", a-t-il écrit, s'attirant un démenti cinglant de la Maison Blanche.

"Cette désinformation toxique (...) se base sur une sélection subjective d'éléments sortis de leur contexte", a écrit Andrew Bates, un porte-parole de la présidence, en notant que la juge Jackson avait le soutien de plusieurs syndicats de police, plutôt ancrés à droite.

Cela n'a pas empêché le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell de garder cet angle d'attaque lors d'un discours jeudi dans l'hémicycle.

Ketanji Brown Jackson dit que son expérience dans les services de l'aide juridictionnelle à Washington, où elle a défendu des accusés démunis de 2005 à 2007, "l'a aidée à développer de l'empathie", a-t-il lancé. "J'imagine que cela veut dire que les procureurs et les victimes de crimes ne partent pas avec l'avantage" dans les procès qu'elle préside.

"En plein regain de criminalité", a-t-il poursuivi, "ce n'est pas un atout, c'est un problème".

A.Anderson--AT