Arizona Tribune - "Ringo" ou "George"? Un membre présumé des cruels "Beatles" de l'EI face à la justice américaine

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"Ringo" ou "George"? Un membre présumé des cruels "Beatles" de l'EI face à la justice américaine
"Ringo" ou "George"? Un membre présumé des cruels "Beatles" de l'EI face à la justice américaine

"Ringo" ou "George"? Un membre présumé des cruels "Beatles" de l'EI face à la justice américaine

Jihadiste dans les rangs du groupe Etat islamique (EI), El Shafee el-Sheikh est accusé par la justice américaine d'avoir fait partie de la sinistre cellule des "Beatles", spécialisée dans la capture d'otages occidentaux.

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Le procès de cet homme de 33 ans, à la longue barbe frisée, s'est ouvert mercredi devant un tribunal fédéral près de Washington. Pour comparaître, il avait pu abandonner sa tenue de prisonnier et se vêtir d'une chemisette bleu claire et d'un pantalon sombre.

Il est accusé d'avoir fait partie d'un groupe de ravisseurs, geôliers et bourreaux de l'EI, surnommés "les Beatles" par leurs prisonniers en raison de leur accent britannique.

Sa place dans ce quatuor, soupçonné d'avoir enlevé au moins 27 journalistes et humanitaires en Syrie et d'avoir mis en scène l'exécution d'une dizaine d'entre eux dans d'insoutenables vidéos de propagande, reste confuse.

Pour certains anciens otages, il était "George", un geôlier colérique et sadique, qui avait l'ascendant sur ses pairs. Mais pour la justice américaine, il était "Ringo".

S'appuyant sur ces "incohérences", son avocat Ed MacMahon a soutenu mercredi, à l'ouverture de son procès près de Washington, qu'il "n'était pas membre des Beatles".

Son client s'est bien rendu en Syrie en 2012 et a rejoint les rangs de l'EI, mais "il n'était pas impliqué dans les enlèvements et les meurtres" des otages, a-t-il soutenu.

- "Croisades" -

Né en 1988 au Soudan, El Shafee el-Sheikh est arrivé enfant au Royaume-Uni. Un temps enrôlé dans un programme de jeunesse soutenu par l'armée britannique, il était devenu mécanicien.

A 21 ans, il a épousé une Ethiopienne rencontrée lors d'un voyage au Canada mais les services d'immigration britanniques n'ont pas autorisé son épouse à rentrer au Royaume-Uni, selon le site Counterextremism project.

Il a rapidement versé dans l'islamisme radical. En 2011, il a été arrêté devant l'ambassade américaine à Londres pour avoir pris part à une manifestation "contre les croisades américaines". Un an plus tard, il mettait le cap vers la Syrie.

Selon l'acte d'accusation, il s'est immédiatement procuré un fusil d'assaut AK-47 et a combattu dans les rangs du Front al-Nosra, affilié à al-Qaïda, avant d'entrer au service de l'EI.

Entre 2012 et 2015, il a été "un des meneurs d'une cellule spécialisée dans la prise d'otage" et s'est "livré à des violences physiques et psychologiques" sur ses captifs, d'après ce document.

Les otages ont, selon la justice américaine, enduré différentes formes de torture: simulations de noyade, combats obligatoires entre eux, choc électrique du torse et des extrémités, privation de nourriture ou de sommeil....

- "Un subordonné" -

El Shafee el-Sheikh se montrait particulièrement sadique: après avoir filmé l'exécution d'un prisonnier syrien devant un groupe d'otages européens, il avait lancé à l'un d'eux: "c'est toi le prochain!"

En janvier 2018, le jihadiste a été capturé par les forces kurdes syriennes avec Alexanda Kotey. Son avocat a révélé mercredi qu'il se trouvait aussi avec son épouse et leurs enfants.

Avant d'être remis aux forces américaines et transférés en Irak, les deux hommes ont donné plusieurs interviews à des médias étrangers.

Dans un entretien vidéo toujours en ligne sur le site du Washington Post, El Shafee el-Sheikh admet avoir "interagi" avec plusieurs otages étrangers, dont il cite le nom, et n'avoir pas manifesté de "compassion" à leur égard.

Il se décrit toutefois comme "un subordonné, pas un leader", ayant eu pour tâche de récupérer les adresses e-mail de leurs proches pour négocier les rançons, mais pas de les interroger.

Quant aux violences qui lui sont imputées, "c'est n'importe quoi", jure-t-il.

En 2020, les deux hommes, déchus de leur nationalité britannique, ont été transférés d'Irak aux Etats-Unis, après que Washington eut promis de ne pas requérir la peine de mort à leur encontre.

Depuis, Alexanda Kotey a plaidé coupable, dans l'espoir de pouvoir purger une partie de sa peine au Royaume-Uni.

Un autre membre du groupe, Mohammed Emwazi, surnommé "Jihadi John" a été tué en 2015 par une attaque de drone américain. Il avait marqué les esprits en apparaissant, tout de noir vêtu et avec un couteau de boucher sur les vidéos de propagande de l'EI.

Un quatrième jihadiste britannique, Aine Davis, est en prison en Turquie, où il a été condamné pour terrorisme.

E.Rodriguez--AT