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Embargo de l'UE sur le charbon russe, l'Ukraine poursuit les évacuations de civils dans l'est
La Russie, accusée de "crimes de guerre" en Ukraine, a fait l'objet jeudi d'un embargo de l'UE sur son charbon et de nouvelles sanctions du G7 et de Washington, tandis que Kiev exhortait les civils à fuir les régions de l'est, menacées par une offensive russe.
Les représentants des Vingt-Sept ont décidé également la fermeture des ports européens aux navires russes, dans le cadre d'une cinquième salve de sanctions contre Moscou, a annoncé la présidence française du Conseil de l'UE.
L'UE est prête parallèlement à débloquer 500 millions d'euros de plus pour financer des armes pour l'Ukraine, a annoncé le président du Conseil européen Charles Michel.
C'est la première fois que les Européens frappent le secteur énergétique russe, dont ils sont très dépendants.
Ce paquet "très substantiel" prévoit l'interdiction d'exportations vers la Russie, notamment de biens de haut technologie, à hauteur de 10 milliards d'euros, de nouvelles sanctions contre des banques russes, selon la même source.
De leur côté les pays du G7 ont annoncé le jour même de nouvelles sanctions économiques à l'encontre de la Russie, dont une interdiction de tout nouvel investissement dans des secteurs clefs en réaction à "la poursuite de l'escalade de la guerre" en Ukraine.
Et par un vote au Congrès, les Etats-Unis ont officiellement révoqué jeudi le statut commercial de la Russie et du Bélarus, ouvrant la voie à des droits de douane punitifs.
Ces nouvelles sanctions interviennent alors que l'assemblée générale des Nations unies, qui rassemble tous les pays membres et au sein de laquelle il n'y a pas de droit de veto, a adopté dans la journée la suspension de la Russie du Conseil des droits de l'homme, la deuxième dans l'histoire de l'ONU après l'éviction de la Libye en 2011.
Ces initiatives font suite à la vague d'indignation après la découverte de dizaines de morts, portant des vêtements civils et pour certains les mains attachées dans le dos, dans les zones dont s'est retirée l'armée russe et notamment dans la localité de Boutcha, près de Kiev.
L'Ukraine et ses soutiens accusent les troupes russes qui ont quitté le nord du territoire ukrainien et ainsi cessé de chercher à prendre la capitale, d'être responsables de ces "crimes de guerre".
La Russie dément toute exaction, dénonçant une "provocation" ukrainienne. Elle a averti après le vote de l'ONU, qualifié d'"illégal", qu'elle comptait "continuer de défendre ses intérêts par tous les moyens légaux".
Mais le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a assuré que la Russie continuait à commettre des "atrocités" en Ukraine "en ce moment même".
- vingt-six corps extraits des décombres -
Vingt-six corps ont été extraits par les secouristes ukrainiens des décombres de deux immeubles d'habitation bombardés à Borodianka, au nord-ouest de Kiev, a annoncé jeudi la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova.
C'est "la ville la plus détruite de la région" de la capitale, a-t-elle souligné sur Facebook. "Seule la population civile a été visée".
Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, s'est pour sa part rendu à Boutcha, assurant aux responsables locaux que "le monde est profondément choqué" et que "la prochaine étape" consistera en "une enquête".
- Dernière chance -
A Marioupol (sud-est), cité portuaire assiégée et dévastée par l'armée russe depuis fin février et où se terrent toujours quelque 100.000 habitants, le "nouveau maire" proclamé par les forces pro-russes a annoncé jeudi qu'"environ 5.000 personnes" étaient mortes parmi la population civile de cette ville ukrainienne.
"Environ 60 à 70% du parc de logements a été détruit ou partiellement détruit", a ajouté Konstantin Ivachtchenko, nommé à la tête de la ville mercredi par Denis Pouchiline, dirigeant des séparatistes de Donetsk.
Les autorités ukrainiennes ont avancé des bilans beaucoup plus lourds.
Mais c'est l'est de l'Ukraine qui fait désormais figure de principal objectif des forces russes, qui ont subi "des pertes militaires importantes", a reconnu jeudi le porte-parole du Kremlin, évoquant "une immense tragédie"
Craignant une offensive contre ces régions orientales, les autorités ukrainiennes ont à nouveau appelé la population civile à les quitter.
"Les prochains jours sont peut-être la dernière chance pour partir. Toutes les villes libres de la région de Lougansk sont sous le feu ennemi" et les forces russes sont" en train de couper toutes les voies possibles de sortie", a averti sur Facebook son gouverneur, Serguiï Gaïdaï.
Un nouvel appel concernant notamment la ville de Severodonetsk, la plus à l'est tenue par les forces ukrainiennes, pilonnée par les troupes russes et où des journalistes de l'AFP ont vu jeudi des civils évacués par cars, pendant que des explosions retentissaient régulièrement à sa périphérie.
"Ça tombe de partout. Ce n'est plus possible", raconte Denis, un quadragénaire pâle comme un linge, le visage émacié, à qui on donnerait la soixantaine. "On trouve encore un peu de pain le matin à la boutique. Des volontaires et l'armée nous donnent des vivres".
"Regardez les impacts de roquettes, les appartements détruits autour de vous", montre du menton une grand-mère, serrant son sac à main contre la poitrine. "Cela fait plus d'un mois que l'on vit dans la cave. Je n'ai plus de gaz, d'électricité ni d'eau".
Un "grand nombre" d'évacués sont déjà arrivés à Dnipro, a annoncé jeudi le maire de cette ville industrielle d'un million d'habitants sur le Dniepr, le fleuve qui marque la limite des régions orientales du pays. Il les a d'ailleurs exhortés à "partir, pour (ceux) qui le peuvent", dans les régions encore plus à l'ouest "car c'est plus sûr là-bas".
Le gouverneur Gaïdaï a assuré que les responsables ukrainiens ne permettraient pas qu'il y ait dans l'Est un "deuxième Marioupol".
- Des armes "maintenant" -
Et pour se préparer à contrer l'offensive attendue dans le Donbass, Kiev réclame l'aide des Occidentaux.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères s'est rendu à Bruxelles pour demander des livraisons immédiates d'armes à ses homologues de l'Alliance atlantique.
"Soit vous nous aidez maintenant, et je parle de jours, pas de semaines, soit votre aide arrivera trop tard. Et beaucoup de gens vont mourir", a martelé Dmytro Kouleba à l'issue de la réunion.
Et de mettre en garde : "au moment où nous parlons, la bataille pour le Donbass est en cours". Elle "vous rappellera" la "Deuxième Guerre mondiale", avec "des milliers de chars, de véhicules blindés, des avions, de l'artillerie".
Le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, a assuré que "les alliés étaient conscients de l'urgence de fournir plus de soutien à l'Ukraine". Il a évoqué un "soutien significatif", estimant "préférable de ne pas se montrer trop précis sur les armements qui seront fournis".
Le volet diplomatique de la crise ne laisse transparaître aucun signe de progrès. La Russie a affirmé jeudi que l'Ukraine était revenue sur certaines des propositions qu'elle avait faites au cours de pourparlers fin mars à Istanbul et que la Russie avait dit accueillir positivement.
Kiev a immédiatement répliqué, en appelant Moscou à "réduire son degré d'hostilité" dans les négociations. Et M. Kouleba a accusé son homologue russe Sergueï Lavrov de se rendre "complice des crimes" commis par l'armée russe en les justifiant.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé qu'elle se rendrait vendredi à Kiev pour exprimer son "soutien indéfectible" à l'Ukraine dans son "combat courageux" contre l'invasion russe.
burx-so/bds/ial/fjb
R.Lee--AT