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Ukraine: l'étau se resserre sur Marioupol, Zelensky dénonce "des centaines de viols"
Les forces russes maintiennent mardi la pression sur la ville portuaire de Marioupol et dans l'est de l'Ukraine, alors que Kiev dénonce des "centaines de viols" commis par des soldats russes depuis le début de l'invasion.
L'étau s'est encore resserré sur les dernières troupes ukrainiennes qui défendent Marioupol, ville portuaire du sud-est du pays assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe, largement détruite et où la situation humanitaire est dramatique.
Selon le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, sur Twitter, "les soldats ukrainiens sont encerclés et bloqués" dans la ville où "des dizaines de milliers" de personnes ont péri et "90% des maisons" ont été détruites.
Les forces ukrainiennes "continuent de défendre Marioupol", avait assuré lundi l'armée de terre ukrainienne sur Telegram, assurant être toujours en contact avec les unités qui "tiennent héroïquement la ville".
L’armée russe a affirmé de son côté avoir fait échouer lundi une tentative de percée d'une centaine de militaires ukrainiens avec des blindés qui se trouvent dans une usine du nord de la ville, et qui tentaient de la fuir selon elle.
Leur sortie a été repoussée à coups "de frappes aériennes et de tirs d’artillerie", selon Moscou, qui dit avoir notamment détruit trois chars et tué une cinquantaine d’"ennemis", ajoutant que 42 autres se sont rendus.
Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait de nouveau appelé ses alliés étrangers à lui envoyer davantage d'armes pour résister aux forces russes et "débloquer" le siège de Marioupol.
Il a par ailleurs indiqué prendre "très au sérieux" les menaces d'armes chimiques à Marioupol brandies par le camp russe, qui nie y avoir déjà eu recours jusqu'ici.
"Les informations sur l'attaque chimique ne sont pas actuellement confirmées", a tempéré Petro Andriouchtchenko, un conseiller du maire de Marioupol, sur Telegram.
- "Centaines de viols" -
Mardi, le président Zelensky a dénoncé "des centaines de cas de viol" constatés selon lui dans les zones précédemment occupées par l’armée russe après le début de l'invasion le 24 février, "y compris de jeunes filles mineures et de tout petits enfants".
La veille, des responsables de l'ONU avaient réclamé des enquêtes sur les violences faites aux femmes en Ukraine et de protéger des enfants déplacés par millions en raison du conflit. "Nous entendons de plus en plus parler de viols et de violences sexuelles", a souligné Sima Bahous, directrice de l'agence onusienne ONU Femmes.
"Presque quotidiennement, on retrouve de nouvelles fosses communes", a par ailleurs déclaré M. Zelensky, qui s'adressait au parlement lituanien par liaison vidéo. "Des milliers et des milliers de victimes. Des centaines de cas de tortures. On continue de retrouver des corps dans les canalisations et les caves", a-t-il poursuivi.
Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays nie toute exaction en Ukraine, a qualifié mardi de "fake" les informations accusant ses soldats d'avoir massacré des centaines de civils à Boutcha, localité de la banlieue nord-ouest de Kiev, après le retrait fin mars des soldats russes qui l'ont assiégée pendant plusieurs semaines.
Autour de Kiev, les corps de six personnes tuées par balles retrouvés dans un sous-sol dans la banlieue est, selon le Parquet général ukrainien, se sont ajoutés mardi aux centaines d'autres retrouvés ces deux dernières semaines dans les environs de la capitale.
Ces six victimes sont des civils tués par des soldats russes, a déclaré le Parquet général sur Telegram.
A Andriïvka, un village situé à 30 km à l'ouest de Kiev qui était encore sur la ligne de front il y a quelques semaines, des journalistes de l'AFP ont assisté à l'exhumation des corps d'autres victimes, trois hommes en habits civils.
Parmi eux, celui de Iouri Kravtchennia. Selon sa femme, Olessia, il été abattu dans la rue juste après le début de l'invasion russe, alors qu'il tenait ses mains en l'air.
Alors que sa dépouille était sortie de terre, Olessia a hurlé de douleur. Elle s'est ruée à ses côtés mais ses jambes se sont dérobées, et elle s'est effondrée. Avant de se lamenter: "Ça fait 41 jours qu'il n'est plus là et je pleure. Je ne peux pas continuer sans lui".
Dans l'est, frontalier de la Russie et où Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire, Kiev a annoncé s'attendre, à brève échéance, à une importante offensive.
"Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement", a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.
"La bataille pour les régions de Donetsk et Lougansk est un moment crucial de la guerre", a déclaré sur Telegram le chef de cabinet de M. Zelensky, Andriï Yermak.
Des civils continuaient de fuir les régions de Lougansk et Donetsk, d'où six trains d'évacuation devaient partir mardi selon l'administration régionale de Lougansk.
- Espion russe -
Des analystes estiment que Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis en 1945.
En visite mardi dans l'Extrême-Orient russe, M. Poutine a assuré que l'offensive de ses forces en Ukraine se poursuivait "calmement" et en minimisant les pertes.
"Nous allons agir de manière harmonieuse, calmement, en conformité avec le plan proposé dès le départ par l'état-major", a dit M. Poutine lors d'une conférence de presse dans l'Extrême-Orient russe, en refusant par ailleurs de fixer un calendrier.
M. Poutine a par ailleurs dénoncé l'attitude des négociateurs ukrainiens qui empêche selon lui de parvenir à un accord entre Kiev et Moscou pour mettre fin à l'offensive russe. "On m'a informé hier soir que la partie ukrainienne avait encore changé quelque chose (...) Un tel manque de cohérence sur les points fondamentaux crée des difficultés", a-t-il déclaré.
A Varsovie, le contre-espionnage polonais a annoncé mardi avoir identifié et arrêté ces derniers jours un espion russe qui collectait des renseignements sur les forces polonaises et de l'Otan, ainsi que deux Bélarusses, également soupçonnés d'espionnage.
Plus de 4,6 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine le 24 février, selon les derniers chiffres publiés mardi par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
La guerre en Ukraine a déclenché une réaction en chaîne dans l'économie mondiale avec une hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires qui va aggraver pauvreté et faim, et alourdir le fardeau de l'endettement, a affirmé mardi le président de la Banque mondiale.
burx-emd/sg
B.Torres--AT