Arizona Tribune - Ukraine: Poutine salue la prise de Marioupol mais refuse de donner l'assaut final

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Ukraine: Poutine salue la prise de Marioupol mais refuse de donner l'assaut final
Ukraine: Poutine salue la prise de Marioupol mais refuse de donner l'assaut final / Photo: Genya SAVILOV - AFP

Ukraine: Poutine salue la prise de Marioupol mais refuse de donner l'assaut final

Le président russe Vladimir Poutine a qualifié jeudi de "succès" la prise de contrôle par l'armée russe du port stratégique de Marioupol en Ukraine, préférant continuer à y assiéger les derniers combattants plutôt que de donner l'assaut final.

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Les soldats ukrainiens sont terrés dans la vaste aciérie Azovstal de ce port situé à la pointe sud du Donbass, transformé en ville martyre par près de deux mois de pilonnage et de siège russes. Ils refusent de se rendre et le commandant adjoint du bataillon Azov, Sviatoslav Palamar demande, via la messagerie Telegram, des "garanties" de sécurité au "monde civilisé" pour sortir.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme qu'ils ont environ 1.000 civils, femmes et enfants" et des "centaines de blessés avec eux.

Dans ce contexte, "je considère que l'assaut proposé de la zone industrielle n'est pas approprié. J'ordonne de l'annuler", a déclaré M. Poutine lors d'une rencontre avec son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, diffusée à la télévision russe.

"Il faut penser (...) à la vie et à la santé de nos soldats et de nos officiers, il ne faut pas pénétrer dans ces catacombes, et ramper sous terre", a affirmé le maître du Kremlin.

"Bloquez toute cette zone de sorte que pas une mouche ne passe", a-t-il ajouté. Après plusieurs ultimatums de l'armée russe, il a lui aussi appelé les combattants à la reddition, leur promettant qu'ils auraient "la vie sauve" et seraient "traités avec dignité".

- Reprise des évacuations -

Selon M. Choïgou, il resterait 2.000 combattants dans l'aciérie. Il n'a pas évoqué de civils.

Alors que les évacuations de civils ont été, tout au long du siège, rares et périlleuses à organiser, la Première vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a indiqué jeudi que quatre bus de civils avaient pu quitter la ville.

Ils roulent vers Zaporijjia, un périple de quelque 200 km qui peut parfois prendre plusieurs jours en raison des nombreux checkpoints à franchir dans cette région du sud-est de l'Ukraine où les combats continuent. D'autres départs de bus étaient attendus dans la journée.

- Tirs sur toute la ligne de front

Dans le reste du Donbass et du sud du pays, les autorités ukrainiennes ont indiqué jeudi matin que les forces russes "poursuivent leurs tirs d'artillerie sur toute la ligne de front".

Avec notamment des combats intenses dans la région d'Izioum, des "bombardements incessants" à Popasna et Roubijné, dans la région de Lougansk, et de nouvelles frappes sur Mykolaïv, dans le sud sur la route d'Odessa, qui ont fait un mort et deux blessés, selon son gouverneur Vitaly Kim.

"La situation se complique d'heure en heure", écrivait mercredi sur Telegram le gouverneur de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, renouvelant ses appels aux civils à évacuer. "Mettez-vous en sécurité (...). Partez!", avait-il lancé.

Et dans la région de Kiev, à Borodianka, une des localités occupées par les forces russes en mars, les autorités locales ont affirmé jeudi avoir déterré neuf nouveaux corps de civils tués par les Russes.

"Ces personnes ont été tuées par les occupants (russes) et certaines des victimes présentent des signes de torture", a accusé sur Facebook le chef de la police de la région de Kiev, Andriï Nebytov.

Depuis le retrait des forces russes fin mars, "1.020 corps de civils, uniquement des civils", ont été retrouvés par les autorités ukrainiennes et transportés dans des morgues pour examens, a indiqué jeudi à l'AFP la vice-Première ministre ukrainienne Olga Stefanichyna à l'AFP. Kiev dénonce avec les Occidentaux des "crimes de guerre" perpétrés par les Russes, une accusation formellement rejetée par la Russie.

- Une guerre longue

Si le calvaire de Marioupol semble toucher à sa fin, la bataille pour le contrôle de l'ensemble de la région du Donbass et une partie du sud de l'Ukraine s'annonce longue.

D'autant que la prise de ce port, en permettant aux Russes de faire la jonction complète entre leurs forces dans le nord du Donbass et leurs forces venues de Crimée, pourrait aussi dégager des effectifs pour renforcer leurs positions sur la ligne de front plus au nord. Et que les Ukrainiens ont obtenu ces derniers jours une aide militaire plus substantielle tant des Américains que de plusieurs de leurs alliés pour leur résister.

Après de longues hésitations, Israël a notamment indiqué mercredi qu'il acceptait, pour la première fois, d'envoyer des équipements de protection (des casques et des gilets pare-balles), à l'armée ukrainienne, tandis que la Norvège annonçait avoir fourni une centaine de missiles antiaériens de conception française à l'Ukraine.

Le président du Conseil européen Charles Michel, en visite à Kiev mercredi, a aussi assuré au président Zelensky que l'Union européenne ferait "tout son possible" pour que l'Ukraine "gagne la guerre". Il a aussi promis qu'elle ferait de son adhésion à l'UE une priorité, et que de nouvelles sanctions cibleraient bientôt les exportations russes de pétrole et de gaz, comme le réclame depuis des semaines le président Zelensky.

Jeudi, deux autres dirigeants européens, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son homologue danoise Mette Frederiksen, étaient à Kiev pour rencontrer le dirigeant ukrainien.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, dont le pays tente de jouer un rôle de médiateur dans le conflit, a accusé mercredi "des pays au sein de l'Otan" de vouloir que "la guerre dure" et "que la Russie s'affaiblisse".

Certains diplomates occidentaux redoutent de leur côté qu'une guerre longue vienne fragiliser l'unité de la vaste coalition qui a adopté contre la Russie des sanctions d'une ampleur inédite.

Si la guerre se concentre dans la région du Donbass, loin de Kiev et des frontières de l'Otan, le sentiment d'urgence et l'unité de l'Occident risquent de diminuer à la longue, "c'est un défi", a indiqué un diplomate à l'AFP.

burs-cat/uh/pz

A.Anderson--AT