Arizona Tribune - Du fournil au marché dominical, le "boulanger humaniste" de Besançon entre en campagne

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Du fournil au marché dominical, le "boulanger humaniste" de Besançon entre en campagne
Du fournil au marché dominical, le "boulanger humaniste" de Besançon entre en campagne / Photo: SEBASTIEN BOZON - AFP

Du fournil au marché dominical, le "boulanger humaniste" de Besançon entre en campagne

Il était sur le pont à 3 heures du matin, a enfourné ses 500 viennoiseries du dimanche, préparé ses pizzas et livré ses commandes. Puis il a endossé sa veste blanche de boulanger sur son t-shirt enfariné et il est entré officiellement en campagne, celle des législatives de juin.

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Stéphane Ravacley, le "boulanger humaniste" de Besançon, s'est taillé une stature nationale depuis qu'il a obtenu la régularisation de son apprenti guinéen, au prix d'une grève de la faim de dix jours, et qu'il a organisé un spectaculaire convoi humanitaire pour l'Ukraine.

Sur le petit marché dominical du centre-ville de Besançon, au pied de l'imposante Citadelle et à deux pas de sa boulangerie et de la maison natale de Victor Hugo, il distribue pour la première fois des tracts de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) à son effigie.

Une voiture noire s'arrête et le conducteur l'interpelle. "Votre combat nous a tous émus, gardez votre motivation, on a tous besoin de gens comme vous !", lance Rachid Berdi, un éducateur spécialisé de 48 ans.

Stéphane Ravacley lui donne rendez-vous dans l'après-midi , toujours prompt à enrôler ceux dont il croise le chemin.

Coupe au carré et lunettes de soleil sur le nez, Gisèle Lagier s'interroge. "Je vote habituellement à droite mais parfois, une personne peut vous faire changer. Stéphane Ravacley, c'est mon boulanger, je le connais bien, il a de grandes idées et surtout, un grand coeur", observe-t-elle.

- "Peur de rien" -

L'intéressé garde pourtant la tête froide: "On n'est jamais roi dans son quartier..."

Car il le sait bien, il faudra convaincre les sceptiques comme Maurice Jimenez, un modeste retraité qui se "méfie". "J'espère que ce n'est pas un opportuniste, que c'est sérieux et sincère", bougonne l'ancien carreleur.

Un commerçant, élu local qui préfère rester anonyme, enchaîne: "Sur le plan humain, relationnel, il est très bien" mais "à lui de faire ses preuves" en politique.

Stéphane Ravacley ne se fait gère d'illusions aussi sur ces forces de gauche qui l'ont investi parce qu'il n'est plus un simple "quidam" mais un candidat courtisé par les médias nationaux.

Il faudra bien cela pour devancer le député Renaissance sortant, Eric Alauzet, candidat à sa propre réélection et encore tout auréolé de son titre de "député le mieux élu" de Franche-Comté avec plus de 62% des voix au second tour de 2017.

"Je n'ai peur de rien", assure pourtant le boulanger qui s'est engagé en politique avec la foi du charbonnier. Va-t-il gagner ? La réponse fuse : "bien évidemment, sinon, je n'irais pas, quel que soit le combat, je suis parti sans penser à la défaite, que ce soit la grève de la faim ou l'Ukraine".

Quand le candidat de 53 ans à la silhouette replète parle de son élection, le conditionnel n'est pas de mise. Il s'imagine déjà de retour dans sa "circo" avec "l'envie de se battre pour représenter les personnes qui, comme moi, sont en attente d'un renouveau".

- "Un boulanger à l'Assemblée" -

Sur ses tracts, figure le programme de la Nupes. Mais lui trace déjà sa feuille de route avec deux priorités: poursuivre son combat en faveur des jeunes, apprentis étrangers menacés d'expulsion ou issus de l'aide sociale à l'enfance, et promouvoir une écologie "pratique et pragmatique".

La troisième est sa "liberté de parole et de faire" à laquelle il promet de ne jamais renoncer, soulignant qu'il n'est pas "encarté", même s'il siègera sur les bancs d'EELV à l'Assemblée s'il est élu.

Pour Anthony Poulin, adjoint au maire EELV à Besançon, qui tracte à ses côtés, il est heureux que les partis de gauche "se soient mis d'accord pour envoyer un boulanger à l'Assemblée", avec cette "fraîcheur et une autre façon d'aborder les combats" qui "plaît aux jeunes et à ceux qui n'ont plus confiance dans la politique".

Nabia Hakkar-Boyer, conseillère régionale PS, suppléante désignée, ne dit pas autre chose: "Moi qui suis militante depuis un certain nombre d'années, je n'avais jamais vu ça, autant de citoyens qui s'impliquent dans une campagne".

Et elle aussi n'en doute pas : "On va gagner".

M.Robinson--AT