Arizona Tribune - Athlétisme: McLaughlin-Levrone, après les angoisses, l'envol du "papillon"

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Athlétisme: McLaughlin-Levrone, après les angoisses, l'envol du "papillon"
Athlétisme: McLaughlin-Levrone, après les angoisses, l'envol du "papillon" / Photo: Martin BERNETTI - AFP

Athlétisme: McLaughlin-Levrone, après les angoisses, l'envol du "papillon"

L'Américaine Sydney McLaughlin-Levrone, prodige de la piste, a surmonté ses angoisses de toujours pour devenir une légende de l'athlétisme, avec un nouveau titre olympique assorti d'un record du monde du 400 m haies jeudi à Paris.

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Trois ans et quatre jours après avoir ébloui à Tokyo les Jeux olympiques de façon similaire (titre olympique et record du monde), McLaughlin-Levrone a volé sur la piste violette du Stade de France au lendemain de son 25e anniversaire, repoussant un peu plus les limites de son sport.

L'Américaine a amélioré pour la 6e fois en trois ans le record du monde, qu'elle a porté de 52 sec 16 (par Dalilah Muhammad en 2019) à 50 sec 37, un bond qui semblait impossible. Son dernier record datait du mois de juin aux sélections olympiques américaines (50.65).

Au passage, elle a conquis trois titres olympiques (400 m haies et relais 4x400 m en 2021) et trois titres mondiaux (400 m haies en 2022, 4x400 m en 2019 et 2022).

La gloire sur la piste était promise depuis le plus jeune âge à cette perle de l'athlétisme, recordwoman du monde dans toutes les catégories d'âge, dont les parents étaient athlètes, ainsi que les trois frères et soeur.

"Il est impossible de s'appeler McLaughlin et de ne pas faire de compétition sur une piste", écrit-elle dans sa biographie "Far Beyond Gold" (Bien au-delà de l'Or), parue en début d'année.

- "Comme un papillon" -

Dans le livre, elle révèle avoir été victime d'angoisses violentes et chroniques depuis sa tendre enfance, qu'elle estime avoir réussi à contrôler ces dernières années grâce à sa foi.

En 2016, elle avait réussi à se qualifier pour les Jeux de Rio juste avant ses 17 ans, devenant la plus jeune américaine sélectionnée en athlétisme depuis 1972.

Mais elle avait bien failli ne pas disputer sa série des trials, victime d'une crise d'angoisse à quelques minutes du départ, calmée par un appel à son père.

"Je ne peux pas respirer", répond-elle lors de l'interview télévisée juste après sa qualification pour Rio, où elle atteint les demi-finales.

L'angoisse se transforme quand elle met un pied sur une piste où sa rage de vaincre prend le dessus, lui dessinant le visage grave qu'elle arbore quelques secondes avant le coup de feu.

"A chaque fois que je prends position sur la ligne, mon corps tremble d'impatience, les pensées parasites et les peurs disparaissent. Il ne reste qu'un désir profond de victoire."

"La peur a toujours surchargé mon esprit. Je ne pouvais rien cacher à mes parents, mêmes les plus insignifiantes bêtises", écrit encore l'ancienne enfant de Dunellen, ville du New Jersey à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Manhattan.

"Quand je pense à mon enfance, je pense essentiellement aux après-midis sur la piste avec mon père et mes frères et soeurs", dit encore celle à qui son père, son premier entraîneur, demande de "courir comme un papillon", en référence au boxeur de légende Mohamed Ali.

- Dépression -

Après Rio, sa dernière année au lycée se passe mal au sein de l'équipe d'athlétisme, en plus d'être perturbée par les diverses sollicitations (autographes, photos...). "Aucune ado ne devrait subir autant d'attention".

Courtisée par les universités les plus prestigieuses, elle choisit en 2017 le Kentucky pour rejoindre le réputé entraîneur Edrick Floréal, futur coach de la championne olympique du 100 m à Paris Julien Alfred.

"Il m'endurcit, améliore ma technique, me transforme en compétitrice sérieuse prête à devenir pro."

Mais "mes attentes d'être dans un endroit où je pourrais m'épanouir se sont rapidement transformées en cauchemar", dit celle qui est alors diagnostiquée en dépression, marquée par la dureté du technicien.

McLaughlin part au bout d'un an et passe professionnelle à Los Angeles avec Joanna Hayes. Avec la championne olympique du 100 m haies 2004, elle glane la médaille d'argent du 400 m haies aux Mondiaux 2019, mais est blessée à l'orgueil par l'écart qui la sépare alors de Dalilah Muhammad.

La hurdleuse estime que sa technique patine avec Hayes, qui lui permet de rencontrer Bob Kersee, tuteur de champions olympiques depuis plus de 40 ans. Elle intègre alors le groupe de son idole Allyson Felix, dont le frère Wes est son agent.

En fouillant parmi ses suiveurs connus sur Instagram, elle rencontre cette année là son futur mari, Andre Levrone Jr, alors joueur de football américain aux Baltimore Ravens, désormais l'étudiant pasteur le plus costaud de Los Angeles.

Avec Kersee et la stabilité qu'elle recherchait, McLaughlin-Levrone s'est envolée vers les sommets de l'athlétisme, tel le papillon.

E.Hall--AT