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Karim Aga Khan, le prince des chevaux
Karim Aga Khan, le prince des chevaux / Photo: Pierre GUILLAUD - AFP/Archives

Karim Aga Khan, le prince des chevaux

Le prince Karim Al-Hussaini, dit Karim Aga Khan IV, chef spirituel des ismaéliens nizârites décédé mardi à 88 ans, devait sa célébrité, outre à sa fortune, à la passion qu'il nourrissait pour les pur-sang de course qu'il élevait, perpétuant une tradition familiale.

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L'histoire des Aga Khan avec les chevaux remonte au XIXe siècle, quand l'Aga Khan III, Mahomed Shah, grand-père du prince Karim, fonde une écurie en Irlande. Depuis 1926, le concours hippique Aga Khan Trophy se tient chaque mois d'août à Dublin.

Des victoires de Petite Etoile en 1960, durant la première année de Karim Aga Khan en tant que propriétaire, à celles de Zarkava en 2008 ou encore la deuxième place dans l'Arc en 2021 de Tarnawa, la casaque verte et rouge princière n'a cessé de briller sur les hippodromes du monde entier.

Le légendaire Yves Saint-Martin, jockey vedette des années 1960 à la fin des années 1980, a mené nombre de ses pur-sang à la victoire, comme Darshaan, devenu un étalon référent de la race pur-sang anglais.

"C'est quand j'étais jockey chez François Mathet, mon maître d'apprentissage, que j'ai monté pour le prince", a confié à l'AFP Yves Saint-Martin, qui a toujours eu "de bons rapports avec l'Aga Khan", "meilleur qu'avec d'autres propriétaires".

- "Elégant, courtois" -

"Comme je connaissais ses chevaux, je n'avais pas besoin d'indications. Il avait le sens de la compétition et me demandait comment j'allais monter la course. Je lui expliquais, et comme il voyait le film que je lui avais prévu, il me faisait confiance", a-t-il ajouté.

Et pour l'Aga Khan, Yves Saint-Martin a remporté notamment le Prix de l'Arc de Triomphe avec Akiyda en 1982 et quatre Prix du Jockey-Club, avec Top Ville en 1979, Darshaan en 1984, Mouktar en 1985 et Natroun en 1987. Yves Saint-Martin, qui a raccroché ses bottes fin 1987, se souvient d'un homme "élégant, courtois, souriant et discret".

Au début des années 1980, Karim Aga Khan fait appel à un jeune entraîneur, Alain de Royer-Dupré.

"Je venais de province, il a su me mettre en confiance", se remémore, admiratif, Alain de Royer-Dupré qui collabora pour le prince pendant 43 ans. "Il venait voir ses bons chevaux travailler aux courses et à l'entraînement le matin alors qu'il était très occupé", se rappelle-t-il.

Alain de Royer-Dupré remporta pour le prince des courses classiques avec des chevaux issus de l'élevage familial de l'Aga Khan, "créé avec passion" à l'image de la championne Zarkava, invaincue, mais aussi avec des pur-sang de l'élevage de Marcel Boussac ou encore de celui de Jean-Luc Lagardère, rachetés par le prince.

L'Aga Khan signa des contrats principaux avec d'autres top jockeys, comme Gérald Mossé, Christophe-Patrice Lemaire et Christophe Soumillon. Ce dernier finira deuxième le 3 octobre 2021 dans le Prix de l'Arc de Triomphe avec la jument Tarnawa, entraînée Outre-Manche.

Christophe Soumillon avait remporté cette course mythique avec Dalakhani en 2003 et Zarkava en 2008, des compétiteurs de l'élevage familial qui ont brillé ensuite aux haras.

- 190 poulinières -

Perpétuant l'élevage familial fondé par son grand-père, Karim Aga Khan était le propriétaire de huit haras, quatre implantés en Irlande dans le comté de Kildare et quatre en France, en Normandie, situés à Bonneval et à Saint-Crespin.

En 2021, ces haras comptaient 190 poulinières réparties dans les deux pays. Parmi les étalons stationnés en France, figure Siyouni, le meilleur en Europe, dont le prix de la saillie 2024 était de 200.000 euros.

L'étalon vedette Sea The Stars, qui n'appartient pas au prince mais fait la monte à Gilltown Stud pour 250.000 euros, fait partie lui du top 5 des étalons en Europe.

Le 12 mai 2024, Rouhiya et Maxime Guyon se sont imposés dans l'Emirates Poule d'Essai des Pouliches, marquant ainsi le dernier Groupe 1 remporté par ce propriétaire de légende.

L'Aga Khan, également mécène, avait dissous au 1er juillet 2020 la Fondation pour la sauvegarde et le développement du domaine de Chantilly, au nord de Paris, qu'il présidait depuis 2005.

Il avait apporté 70 millions d'euros en 15 ans au château des Condé, qui ont permis notamment la restauration de la perspective de Le Nôtre, du jardin de la Volière, du Jeu de Paume, du Musée vivant du Cheval et de l'hippodrome de Chantilly.

R.Lee--AT